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mont, et, sur le sommet, une ruine. Cette ville, c’est Monreale, et cette ruine, Castellaccio, le dernier refuge où se cachèrent les brigands siciliens, m’a-t-on dit.

Le maître poète Théodore de Banville a écrit un traité de prosodie française, que devraient savoir par cœur tous ceux qui ont la prétention de faire rimer deux mots ensemble. Un des chapitres de ce livre excellent est intitulé : « Des licences poétiques » ; on tourne la page et on lit :

« Il n’y en a pas. »

Ainsi, quand on arrive en Sicile, on demande tantôt avec curiosité, et tantôt avec inquiétude : « Où sont les brigands ? » et tout le monde vous répond : « Il n’y en a plus. »

Il n’y en a plus, en effet, depuis cinq ou six ans. Grâce à la complicité cachée de quelques grands propriétaires dont ils servaient souvent les intérêts et qu’ils rançonnaient souvent aussi, ils ont pu se maintenir dans les montagnes de Sicile jusqu’à l’arrivée du général Palavicini, qui commande encore à Palerme. Mais cet officier les a pourchassés et traités avec tant d’énergie que les derniers ont disparu en peu de temps.

Il y a souvent, il est vrai, des attaques à main