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des plaines démesurées où errent, par tout l’horizon, ces apparitions inoubliables faites d’un chameau, d’une charrue et d’un Arabe. Puis le sol devient aride, et devant nous j’aperçois, avec la jumelle, un grand désert de pierres énormes, debout, dans tous les sens, à droite, à gauche, à perte de vue. En approchant, on reconnaît des dolmens. C’est là une nécropole de proportions inimaginables, car elle couvre quarante hectares ! Chaque tombeau est composé de quatre pierres plates. Trois debout forment le fond et les deux côtés, une autre, posée dessus, sert de toit. Pendant longtemps, toutes les fouilles faites par le régisseur de l’Enfida pour découvrir des caveaux sous ces monuments mégalithiques sont demeurées inutiles. Il y a dix-huit mois ou deux ans, M. Hamy, conservateur du Musée d’ethnographie de Paris, après beaucoup de recherches, parvint à découvrir l’entrée de ces tombes souterraines, cachée avec beaucoup d’adresse sous un lit de roches épaisses. Il a trouvé dedans quelques ossements et des vases de terre révélant des sépultures berbères. D’un autre côté, M. Mangiavacchi, régisseur de l’Enfida, a indiqué, non loin de là, les traces presque disparues d’une vaste cité berbère. Quelle pouvait être cette ville