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bruit formidable de chaudières. On descend, le long des parois de cet abîme, et on se promène jusqu’au bord des bouches furieuses du volcan. Tout est jaune autour de moi, sous mes pieds et sur moi, d’un jaune aveuglant, d’un jaune affolant. Tout est jaune : le sol, les hautes murailles et le ciel lui-même. Le soleil jaune verse dans ce gouffre mugissant sa lumière ardente, que la chaleur de cette cuve de soufre rend douloureuse comme une brûlure. Et l’on voit bouillir le liquide jaune qui coule, on voit fleurir d’étranges cristaux, mousser des acides éclatants et bizarres au bord des lèvres rouges des foyers.

L’Anglais qui dort au pied du mont cueille, exploite et vend ces acides, ces liquides, tout ce que vomit le cratère ; car tout cela, parait-il, vaut de l’argent, beaucoup d’argent.

Je reviens lentement, essoufflé, haletant, suffoqué par l’haleine irrespirable du volcan ; et bientôt, remonté au sommet du cône, j’aperçois toutes les Lipari égrenées sur les flots.

Là-bas, en face, se dresse le Stromboli : tandis que, derrière moi, l’Etna gigantesque semble regarder au loin ses enfants et ses petits-enfants.

De la barque, en revenant, j’avais découvert