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Mais au cimetière Montmartre on peut encore admirer le monument de Baudin, qui a de la grandeur ; celui de Gautier, celui de Mürger, où j’ai vu l’autre jour une seule pauvre couronne d’immortelles jaunes, apportée par qui ? par la dernière grisette, très vieille, et concierge aux environs, peut-être ? C’est une jolie statuette de Millet, mais que détruisent l’abandon et la saleté. Chante la jeunesse, ô Mürger !

Me voici donc entrant dans le cimetière Montmartre, et tout à coup imprégné de tristesse, d’une tristesse qui ne faisait pas trop de mal, d’ailleurs, une de ces tristesses qui vous font penser, quand on se porte bien  : « Ça n’est pas drôle, cet endroit-là, mais le moment n’en est pas encore venu pour moi… »

L’impression de l’automne, de cette humidité tiède qui sent la mort des feuilles et le soleil affaibli, fatigué, anémique, aggravait en la poétisant la sensation de solitude et de fin définitive flottant sur ce lieu, qui sent la mort des hommes.

Je m’en allais à petits pas dans ces rues