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Pauline s’approcha du corps et demanda : — « Est-ce qu’il est bien mort ? — tout à fait ? »

Les hommes haussèrent les épaules : — « Oh ! après ce temps-là ! pour sûr ! »

Puis l’un d’eux interrogea : — « C’est chez Grillon qu’il logeait ? » — Oui, reprit l’autre ; faut le reconduire, y aura de la braise. »

Ils remontèrent dans leur bateau et repartirent, s’éloignant lentement à cause du courant rapide ; et longtemps encore après qu’on ne les vit plus de la place où les femmes étaient restées, on entendit tomber dans l’eau les coups réguliers des avirons.

Alors Pauline prit dans ses bras la pauvre Madeleine éplorée, la câlina, l’embrassa longtemps, la consola : — « Que veux-tu, ce n’est point ta faute, n’est-ce pas ? On ne peut pourtant pas empêcher les hommes de faire des bêtises. Il l’a voulu, tant pis pour lui, après tout ! » — Puis, la relevant : — « Allons, ma chérie, viens-t’en coucher à la maison : tu ne peux pas rentrer chez Grillon ce soir. — Elle l’embrassa de nouveau : — « Va, nous te guérirons, » dit-elle.