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C’était une voisine que j’avais : une petite ouvrière, sans doute, avec une grâce toute parisienne, une mignonne tête blonde sous de cheveux bouclés aux tempes ; cheveux qui semblaient une lumière frisée, descendaient à l’oreille, couraient jusqu’à la nuque, dansaient au vent, puis devenaient, plus bas, un duvet si fin, si léger, si blond, qu’on le voyait à peine, mais qu’on éprouvait une irrésistible envie de mettre là une foule de baisers.

Sous l’insistance de mon regard, elle tourna la tête vers moi, puis baissa brusquement les yeux, tandis qu’un pli léger, comme un sourire prêt à naître, enfonçant un peu le coin de sa bouche, faisait apparaître aussi là ce fin duvet soyeux et pâle que le soleil dorait un peu.

La rivière calme s’élargissait. Une paix chaude planait dans l’atmosphère, et un murmure de vie semblait emplir l’espace. Ma voisine releva les yeux, et, cette fois, comme je la regardais toujours, elle sourit décidément. Elle était charmante ainsi, et dans