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frisson de malice et prononça : — « Lundi, tu m’amèneras ta petite, je veux la voir. » Mme  Braux, la figure illuminée, cria : — « Oui maman, », tandis que Mme  Caravan la jeune, devenue pâle, défaillait d’angoisse.

Cependant, les deux hommes, peu à peu, se mirent à causer ; et ils entamèrent, à propos de rien, une discussion politique. Braux, soutenant les doctrines révolutionnaires et communistes, se démenait, les yeux allumés dans son visage poilu, criant : — « La propriété, monsieur, c’est un vol au travailleur ; — la terre appartient à tout le monde ; — l’héritage est une infamie et une honte !… » — Mais il s’arrêta brusquement, confus comme un homme qui vient de dire une sottise ; puis, d’un ton plus doux, il ajouta : — « Mais ce n’est pas le moment de discuter ces choses-là. »

La porte s’ouvrit ; le docteur Chenet parut. Il eut une seconde d’effarement, puis il reprit contenance, et s’approchant de la vieille femme : — « Ah ! ah ! la maman ! ça va bien aujourd’hui. Oh ! je m’en doutais, voyez-