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t’avait bien donné sa pendule, n’est-ce pas, la jeune fille au bilboquet ? » Il chercha dans sa mémoire et répondit : — « Oui, oui ; elle m’a dit (mais il y a longtemps de cela, c’est quand elle est venue ici), elle m’a dit : Ce sera pour toi la pendule, si tu prends bien soin de moi. »

Mme  Caravan, tranquillisée, se rasséréna : — « Alors, vois-tu, il faut aller la chercher, parce que si nous laissons venir ta sœur, elle nous empêchera de la prendre. » Il hésitait : — « Tu crois ?… » Elle se fâcha : — « Certainement que je le crois ; une fois ici, ni vu ni connu : c’est à nous. C’est comme pour la commode de sa chambre, celle qui a un marbre : elle me l’a donnée, à moi, un jour qu’elle était de bonne humeur. Nous la descendrons en même temps. »

Caravan semblait incrédule. — « Mais, ma chère, c’est une grande responsabilité ! » Elle se tourna vers lui, furieuse : — « Ah ! vraiment ! Tu ne changeras donc jamais ? Tu laisserais tes enfants mourir de faim, toi, plutôt que de faire un mouvement. Du