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l’œil : — « Mais… là-haut… il n’y a personne ». — « Pardon, Rosalie est auprès d’elle, tu iras la remplacer à trois heures du matin, quand tu auras fait un somme. »

Il resta néanmoins en caleçon afin d’être prêt à tout événement, noua un foulard autour de son crâne, puis rejoignit sa femme qui venait de se glisser dans les draps.

Ils demeurèrent quelque temps assis côte à côte. Elle songeait.

Sa coiffure, même à cette heure, était agrémentée d’un nœud rose et penchée un peu sur une oreille, comme par suite d’une invincible habitude de tous les bonnets qu’elle portait.

Soudain, tournant la tête vers lui : — « Sais-tu si ta mère a fait un testament ? » dit-elle. Il hésita : — « Je… je… ne crois pas… Non, sans doute, elle n’en a pas fait. » Mme  Caravan regarda son mari dans les yeux, et, d’une voix basse et rageuse : — « C’est une indignité, vois-tu ; car enfin voilà dix ans que nous nous décarcassons à la soigner, que nous la logeons, que nous la nourris-