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LA MAISON TELLIER.
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« Lui ? il dort déjà, il dort tout de suite. » — Elle saisit M. Dupuis, resté sans emploi sur le divan, et la polka recommença.

Mais les bouteilles étaient vides : — « J’en paye une, » déclara M. Tournevau. — « Moi aussi, » annonça M. Vasse. — « Moi de même, » conclut M. Dupuis. Alors tout le monde applaudit.

Cela s’organisait, devenait un vrai bal. De temps en temps même, Louise et Flora montaient bien vite, faisaient rapidement un tour de valse, pendant que leurs clients, en bas, s’impatientaient ; puis elles retournaient en courant à leur café, avec le cœur gonflé de regrets.

À minuit, on dansait encore. Parfois une des filles disparaissait, et quand on la cherchait pour faire un vis-à-vis, on s’apercevait tout à coup qu’un des hommes aussi manquait.

— D’où venez-vous donc ? demanda plaisamment M. Philippe, juste au moment où M. Pimpesse rentrait avec Fernande. — « De voir dormir M. Poulin, » répondit le percepteur. Le mot eut un succès énorme ; et tous, à tour de rôle, montaient voir dormir M. Poulin avec l’une ou l’autre des demoiselles, qui se montrèrent, cette nuit-là, d’une complaisance inconcevable. Madame fermait