Page:Maupassant - La Maison Tellier, OC, Conard, 1908.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
LA MAISON TELLIER.

idée : — « Allons, mes petites chattes, dit-il, il faut les essayer. » — Ce fut une tempête d’exclamations ; et elles serraient leurs jupes entre leurs jambes comme si elles eussent craint des violences. Lui, tranquille, attendait son heure. Il déclara : — « Vous ne voulez pas, je remballe. » Puis, finement : — « J’offrirai une paire, au choix, à celles qui feront l’essai. » — Mais elles ne voulaient pas, très dignes, la taille redressée. Les deux Pompes cependant semblaient si malheureuses qu’il leur renouvela la proposition. Flora Balançoire surtout, torturée de désir, hésitait visiblement. Il la pressa : — « Vas-y, ma fille, un peu de courage ; tiens, la paire lilas, elle ira bien avec ta toilette. » Alors elle se décida, et, relevant sa robe, montra une forte jambe de vachère, mal serrée en un bas grossier. Le monsieur, se baissant, accrocha la jarretière sous le genou d’abord, puis au-dessus ; et il chatouillait doucement la fille pour lui faire pousser des petits cris avec de brusques tressaillements. Quand il eut fini, il donna la paire lilas et demanda : — « À qui le tour ? » Toutes ensemble s’écrièrent : — « À moi ! à moi ! » Il commença par Rosa la Rosse, qui découvrit une chose informe, toute ronde, sans cheville, un vrai « boudin de jambe », comme disait Raphaële. Fernande