Page:Maupassant - La Maison Tellier, OC, Conard, 1908.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
272
MA FEMME.

des dames affolées. On ouvrit les volets, on tira les rideaux. Je me colletais avec le colonel Dumoulin !

J’avais dormi auprès du lit de sa fille.


Quand on nous eut séparés, je m’enfuis dans ma chambre, abruti d’étonnement. Je m’enfermai à clef et je m’assis, les pieds sur une chaise, car mes bottines étaient demeurées chez la jeune personne.

J’entendais une grande rumeur dans tout le château, des portes ouvertes et fermées, des chuchotements, des pas rapides.

Au bout d’une demi-heure on frappa chez moi. Je criai : « Qui est là ? » C’était mon oncle, le père du marié de la veille. J’ouvris.

Il était paie et furieux et il me traita durement : « Tu t’es conduit chez moi comme un manant, entends-tu ? » Puis il ajouta d’un ton plus doux : « Comment, bougre d’imbécile, tu te laisses surprendre à dix heures du matin ! Tu vas t’endormir comme une bûche dans cette chambre au lieu de t’en aller aussitôt… aussitôt après. »

Je m’écriai : « Mais mon oncle, je vous assure qu’il ne s’est rien passé… Je me suis trompé de porte, étant gris. »

Il haussa les épaules : « Allons ne dis pas de bétises. » Je levai la main : « Je vous le jure