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MA FEMME.

tonnai mon gilet qui m’étranglait, je desserrai mon pantalon, et je m’endormis d’un invincible sommeil.

Cela dura longtemps, sans doute. Je fus brusquement réveillé par une voix vibrante qui disait, tout près de moi : « Comment, paresseuse, encore couchée ? Il est dix heures, sais-tu ?

Une voix de femme répondit : « Déjà ! J’étais si fatiguée d’hier. »

Je me demandais avec stupéfaction ce que voulait dire ce dialogue.

Où étais-je ? Qu’avais-je fait ?

Mon esprit flottait, encore enveloppé d’un nuage épais.

La première voix reprit : « Je vais ouvrir tes rideaux. »

Et j’entendis des pas qui s’approchaient de moi. Je m’assis tout à fait éperdu. Alors une main se posa sur ma tête. Je fis un brusque mouvement. La voix demanda avec force : « Qui est là ? » Je me gardai bien de répondre. Deux poignets furieux me saisirent. À mon tour j’enlaçai quelqu’un et une lutte effroyable commença. Nous nous roulions, renversant les meubles, heurtant les murs.

La voix de femme criait effroyablement : « Au secours, au secours ! »

Des domestiques accoururent, des voisins,