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qu’elle était venue, et ne me demandant pas encore ce que je ferais d’elle, ou ce qu’elle ferait de moi.

Mais dès qu’elle eut compris mon intention, elle murmura :

— Si tu me chasses, où veux-tu que j’aille maintenant ? Il faudra que je dorme sur la terre, dans la nuit. Laisse-moi me coucher sur le tapis, au pied de ton lit.

Que pouvais-je répondre ? Que pouvais-je faire ? Je pensai que Mohammed, sans doute, regardait à son tour la fenêtre éclairée de ma chambre ; et des questions de toute nature, que je ne m’étais point posées dans le trouble des premiers instants, se formulèrent nettement.

— Reste ici, dis-je, nous allons causer.

Ma résolution fut prise en une seconde. Puisque cette fille avait été jetée ainsi dans mes bras, je la garderais, j’en ferais une