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Marseille, la Librairie universelle, dont le propriétaire était mort.

J’eus là trois bonnes années. Nous avions fait de notre magasin une sorte de salon littéraire où tous les lettrés de la ville venaient causer. On entrait chez nous comme on entre au cercle, et on échangeait des idées sur les livres, sur les poètes, sur la politique surtout. Ma femme, qui dirigeait la vente, jouissait d’une vraie notoriété dans la ville. Quant à moi, pendant qu’on bavardait au rez-de-chaussée, je travaillais dans mon cabinet du premier qui communiquait avec la librairie par un escalier tournant. J’entendais les ; voix, les, rires, les discussions, et je cessais d’écrire parfois, pour écouter. Je m’étais mis en secret à composer un roman - que je n’ai pas fini.

les habitués les plus assidus étaient M. Montina, un rentier, un grand garçon,