Les arbousiers sur ma route se penchaient, étrangement chargés de leurs fruits de pourpre qu’ils répandaient dans le chemin. Ils avaient l’air d’arbres martyrs d’où coulait une sueur sanglante, car au bout de chaque branchette pendait une graine rouge comme une goutte de sang.
Le sol, autour d’eux, était couvert de cette pluie suppliciale, et le pied écrasant les arbouses laissait par terre des traces de meurtre. Parfois, d’un bond, en passant, je cueillais les plus mûres pour les manger.
Tous les vallons à présent se remplissaient d’une vapeur blonde qui s’élevait lentement comme la buée des flancs d’un bœuf ; et sur la chaîne des monts qui fermaient l’horizon, à la frontière du Sahara, flamboyait un ciel de Missel. De longues traînées d’or alternaient avec des traînées de sang – encore du sang ! du sang et de