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« Alors, moi, je me suis dit. Il faut mourir. Vivante, je n’aurais pu vous confesser un pareil crime. Morte, j’ose tout. Je ne pouvais plus faire autrement que de mourir, rien ne m’aurait lavée, j’étais trop tachée. Je ne pouvais plus aimer, ni être aimée ; il me semblait que je salissais tout le monde, rien qu’en donnant la main.

« Tout à l’heure, je vais aller prendre mon bain et je ne reviendrai pas.

« Cette lettre pour vous ira chez mon amant. Il la recevra après ma mort, et sans rien comprendre, vous la fera tenir, accomplissant mon dernier vœu. Et vous la lirez, vous, en revenant du cimetière.

« Adieu, père, je n’ai plus rien à vous dire. Faites ce que vous voudrez, et pardonnez-moi. »