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Tourgueneff était avec raison considéré comme un libéral. Ayant raconté les faiblesses des révolutionnaires, on le traita comme un faux frère. Il n’en continua pas moins ses études sur ce parti toujours grandissant, si curieux et si terrible, qui fait aujourd’hui trembler le Czar ; et son dernier livre : Terres vierges, indique avec une étonnante clarté, l’état mental du nihilisme actuel.

En dépit des injures de quelques forcenés, sa popularité est très grande en Russie, et des ovations l’attendent chaque fois qu’il retourne à Saint-Pétersbourg. Les jeunes gens surtout le vénèrent ; mais la cause première de cette faveur remonte à bien loin déjà, au temps où parut son premier volume.

Il était jeune, très jeune. Se croyant poète, comme tous les romanciers qui débutent, il avait fait quelques vers, publiés sans grand succès ; alors, sentant venir le découragement, prêt à renoncer