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Il murmura,

— Voulez-vous faire quelques pas, avec moi, pour nous expliquer davantage ?

L’autre se mit à ricaner.

— Mais, parbleu ! C’est bien pour cela que je suis venu.

Ils s’en allèrent ensemble, côte à côte par le champ d’oliviers. Le soleil avait disparu. La grande fraîcheur des crépuscules du Midi étendait sur la campagne un invisible manteau froid. L’abbé frissonnait et levant soudain les yeux dans un mouvement habituel d’officiant, il aperçut partout autour de lui, tremblotant sur le ciel, le petit feuillage grisâtre de l’arbre sacré qui avait abrité sous son ombre frêle la plus grande douleur, la seule défaillance du Christ.

Une prière jaillit de lui, courte et désespérée, faite avec cette voix intérieure qui ne passe point par la bouche et dont les croyants implorent le Sauveur : "Mon Dieu, secourez-moi."

Puis se tournant vers son fils :

— Alors, votre mère est morte ?

Un nouveau chagrin s’éveillait en lui, en prononçant ces paroles : "Votre mère est morte" et crispait son cœur, une étrange