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conseil, pitié, secours, protection, consolation, et dans son oraison répétée chaque jour plus fervente, il mettait chaque fois une émotion plus forte.

Son cœur meurtri, rongé par l’amour d’une femme, restait ouvert et palpitant, avide toujours de tendresse ; et peu à peu, à force de prier, de vivre en ermite avec des habitudes de piété grandissante, de s’abandonner à cette communication secrète des âmes dévotes avec le Sauveur qui console et attire les misérables, l’amour mystique de Dieu entra en lui et vainquit l’autre.

Alors il reprit ses premiers projets, et se décida à offrir à l’Église une vie brisée qu’il avait failli lui donner vierge.

Il se fit donc prêtre. Par sa famille, par ses relations il obtint d’être nommé desservant de ce village provençal où le hasard l’avait jeté, et ayant consacré à des œuvres bienfaisantes une grande partie de sa fortune, n’ayant gardé que ce qui lui permettrait de demeurer jusqu’à sa mort utile et secourable aux pauvres, il se réfugia dans son existence calme de pratiques pieuses et de dévouement à ses semblables.

Il fut un prêtre à vues étroites, mais bon,