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Je portai la lettre au commissaire de Rouen.

« C’est une restitution très adroite, dit-il. Faisons les morts. Nous pincerons l’homme un de ces jours. »

Mais on ne l’a pas pincé. Non. Ils ne l’ont pas pincé, et j’ai peur de lui, maintenant, comme si c’était une bête féroce lâchée derrière moi.

Introuvable ! il est introuvable, ce monstre à crâne de lune ! on ne le prendra jamais. Il ne reviendra point chez lui. Que lui importe à lui. Il n’y a que moi qui peux le rencontrer, et je ne veux pas.

Je ne veux pas ! je ne veux pas ! je ne veux pas !

Et s’il revient, s’il rentre dans sa boutique, qui pourra prouver que mes meubles étaient chez lui ? Il n’y a contre lui que mon témoignage ; et je sens bien qu’il devient suspect.

Ah ! mais non ! cette existence n’était plus possible.

Et je ne pouvais pas garder le secret de ce que j’ai vu.

Je ne pouvais pas continuer à vivre comme tout le monde avec la crainte que des choses pareilles recommençassent.

Je suis venu trouver le médecin qui dirige cette maison de santé, et je lui ai tout raconté.