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que j’entends passer des trains, que j’entends sonner des cloches, que j’entends marcher une foule.

Puis bientôt ces ronflements devinrent plus distincts, plus précis, plus reconnaissables. Je m’étais trompé. Ce n’était pas le bourdonnement ordinaire de mes artères qui mettait dans mes oreilles ces rumeurs, mais un bruit très particulier, très confus cependant, qui venait, à n’en point douter, de l’intérieur de ma maison.

Je le distinguais à travers le mur, ce bruit continu, plutôt une agitation qu’un bruit, un remuement vague d’un tas de choses, comme si on eût secoué, déplacé, traîné doucement tous mes meubles.

Oh ! je doutai, pendant un temps assez long encore, de la sûreté de mon oreille. Mais l’ayant collée contre un auvent pour mieux percevoir ce trouble étrange de mon logis, je demeurai convaincu, certain, qu’il se passait chez moi quelque chose d’anormal et d’incompréhensible. Je n’avais pas peur, mais j’étais… comment exprimer cela… effaré d’étonnement. Je n’armai pas mon revolver — devinant fort bien que je n’en avais nul besoin. J’attendis.