Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/222

Cette page n’a pas encore été corrigée

culbuta par-dessus, tomba sur la roue et rebondit sur le chemin.

Ses camarades s’élancèrent. Il ne bougeait plus, un œil fermé, l’autre ouvert, blême de peur, ses grands membres allongés dans la poussière.

Quand on toucha sa jambe droite, il se mit à pousser des cris et, quand on voulut le mettre debout, il s’abattit.

— Je crais ben qu’il a une patte cassée, dit un homme.

Il avait, en effet, une jambe cassée.

Maître Le Harivau le fit étendre sur une table, et un cavalier courut à Rouville pour chercher le médecin, qui arriva une heure après.

Le fermier fut très généreux et annonça qu’il payerait le traitement de l’homme à l’hôpital.

Le docteur emporta donc Pavilly dans sa voiture et le déposa dans un dortoir peint à la chaux où sa fracture fut réduite.

Dès qu’il comprit qu’il n’en mourrait pas et qu’il allait être soigné, guéri, dorloté, nourri à rien faire, sur le dos, entre deux draps, Pavilly fut saisi d’une joie débordante, et il se mit à rire d’un rire silencieux