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cet esprit de plaideur, de philosophe prêcheur, de penseur dramatique que M. A. Dumas met en ses pièces, s’il eût cherché à nous montrer le chevalier Des Grieux à son point de vue, quel que fût d’ailleurs ce point de vue, notre manière de juger ayant changé, Manon Lescaut nous indignerait ou nous ennuierait. Mais ici l’auteur a été tellement sincère, tellement désintéressé, tellement vrai ; il s’est tellement effacé pour nous présenter uniquement ses personnages, eux seuls, avec leurs amours, leurs mœurs (les mœurs de l’époque) et leurs physionomies lumineuses de réalité, que nous ne nous révoltons pas, nous, nous ne nous étonnons même point, nous subissons l’œuvre irrésistible et charmante dans sa sincérité brutale.

C’est donc d’adultère qu’il s’agit dans Pot-Bouille. Le sujet n’est pas neuf ; il n’en est que plus difficile ; il n’en apparaît que plus intéressant, l’adultère ayant toujours été la grande préoccupation des sociétés, le grand thème des écrivains, le grand joujou de l’esprit des hommes. Et on ferait une bien curieuse étude en recherchant de quelle façon, tantôt plaisante et tantôt tragique, les générations successives ont jugé les manquements à cet accouplement légal qu’on nomme le mariage.

La loi, avec raison, n’est pas douce pour l’adultère. L’opinion publique se montre généralement plus clémente ;