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le cocher, permirent qu’il gardât l’animal. Cependant la présence de cette bête dans la maison devint bientôt une cause d’ennuis incessants. Elle était assurément la plus dévergondée des chiennes ; et, d’un bout à l’autre de l’année, les prétendants à quatre pattes firent le siège de sa demeure. Ils rôdaient sur la route, devant la porte, se faufilaient par toutes les issues de la haie vive qui clôturait le jardin, dévastaient les plates-bandes, arrachant les fleurs, faisant des trous dans les corbeilles, exaspéraient le jardinier. Jour et nuit c’était un concert de hurlements et des batailles sans fin.

Les maîtres trouvaient jusque dans l’escalier, tantôt de petits roquets à queue empanachée, des chiens jaunes, rôdeurs de bornes, vivant d’ordures, tantôt des terre-neuve énormes à poils frisés, des caniches moustachus, tous les échantillons de la race aboyante.

La chienne, que François avait, sans malice, appelée « Cocote » (et elle méritait son nom), recevait tous ces homma-