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les distractions mondaines, les amusements, les joies et les plaisirs, il ne connut jamais d’autre bonheur que celui venant des livres. Il râlait parfois d’exaltation en déclamant de sa voix sonore quelque chapitre des grands maîtres.

Quoi qu’il fît, où qu’il allât, son esprit toujours ne pensait qu’aux lettres ; les personnes, les conversations, les attitudes ne lui apparaissaient plus que comme des effets à décrire, et quand il sortait d’un salon où la médiocrité des propos avait duré tout un soir, il était affaissé, accablé comme si on l’eût roué de coups, devenu lui-même stupide, affirmait-il, tant il possédait la faculté d’entrer dans la peau des autres.

Sensible à l’excès, impressionnable, vibrant sans cesse, il se comparait à un écorché que le moindre contact fait tressaillir de douleur ; et les grands chocs qu’il reçut lui vinrent peut-être de la bêtise humaine. Elle fut pour ainsi