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obstiné, il passait quelquefois huit jours pour enlever d’une phrase un verbe qui le gênait.

Il croyait à l’harmonie fatale des mots, et quand une expression, qui lui paraissait cependant indispensable, ne sonnait pas à son gré, il en cherchait une autre aussitôt, sûr qu’il ne tenait pas la vraie, l’unique. Le style pour lui ne consistait pas dans une certaine élégance convenue de construction, mais dans la justesse absolue du mot et dans la parfaite concordance de la tournure avec l’idée à exprimer ; de là ces différences capitales du style si précis et si bref de l’Éducation sentimentale à la période si magnifique de La Tentation de saint Antoine.

Une phrase qu’il écrivit à un ami sur Balzac est intéressante à ce point de vue :

« Ce grand homme n’était ni un poète ni un écrivain, ce qui ne l’empêchait pas d’être un très grand homme. Je l’admire maintenant beaucoup moins qu’autrefois,