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lodieuses, avec toute cette puérile philosophie de confessionnal les pauvres petites âmes des femmes, troublées, voletantes, cherchant un point d’appui.

La femme aime la robe du moine ! Elle l’aime parce qu’il y a dans cet amour une vague odeur de sacrilège, de profanation, parce qu’elle joue là son rôle biblique de serpent, de tentatrice, parce qu’elle a pour mission, pour devoir, de se faire aimer par l’homme, quel que soit cet homme ; parce que son triomphe de séductrice grandit avec la difficulté de la conquête. Mais pour être aimé, le moine s’est fait aimable, mondain, séduisant.



Aucun Lauzun, aucun Richelieu n’a récolté plus ample moisson de cœurs que ces prédicateurs en vogue qui apparaissent soudain comme des comètes, disparaissent de même, et dont les noms sont répétés, chuchotés, murmurés, occupent toutes les causeries des réceptions de cinq heures, sortent doucement des bouches féminines dans les demi-ténèbres du jour tombant, avant que les lampes ne soient venues.