Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avait choisi et qu’elle préférait encore, cette femme toujours jolie, bercée en ce landau, dans l’air tiède du printemps.

Comme il lui jetait sa reconnaissance dans un regard, elle le devina, et il crut sentir un remerciement dans un frôlement de sa robe.

À son tour, il murmura :

— Oh ! oui, quel beau jour !

Quand on eut pris la duchesse, rue de Varenne, ils filèrent vers les Invalides, traversèrent la Seine et gagnèrent l’avenue des Champs-Élysées, en montant vers l’Arc de Triomphe de l’Étoile, au milieu d’un flot de voitures.

La jeune fille s’était assise près d’Olivier, à reculons, et elle ouvrait, sur ce fleuve d’équipages, des yeux avides et naïfs. De temps en temps, quand la duchesse et la comtesse accueillaient un salut d’un court mouvement de tête, elle demandait : « Qui est-ce ? » Il nommait « les Pontaiglin », ou « les Puicelci », ou « la comtesse de Lochrist », ou « la belle Mme  Mandelière ».

On suivait à présent l’avenue du Bois de Boulogne, au milieu du bruit et de l’agitation des roues. Les équipages, un peu moins serrés qu’avant l’Arc de Triomphe, semblaient lutter dans une course sans fin. Les fiacres, les landaus lourds, les huit-ressorts solennels se dépassaient tour à tour, distancés soudain par une victoria