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cumulèrent toutes les formules usitées et techniques pour célébrer les qualités apparentes et intentionnelles de ce tableau.

Tous les yeux, levés vers le mur, semblaient ravis d’admiration, et Olivier Bertin, accoutumé à ces éloges, auxquels il ne prêtait guère plus d’attention qu’on ne fait aux questions sur la santé, après une rencontre dans la rue, redressait cependant la lampe à réflecteur placée devant le portrait pour l’éclairer, le domestique l’ayant posée, par négligence, un peu de travers.

Puis on s’assit, et le comte s’étant approché de la duchesse, elle lui dit :

— Je crois que mon neveu va venir me chercher et vous demander une tasse de thé.

Leurs désirs, depuis quelque temps, s’étaient rencontrés et devinés, sans qu’ils se les fussent encore confiés, même par des sous-entendus.

Le frère de la duchesse de Mortemain, le marquis de Farandal, après s’être presque entièrement ruiné au jeu, était mort d’une chute de cheval, en laissant une veuve et un fils. Âgé maintenant de vingt-huit ans, ce jeune homme, un des plus convoités meneurs de cotillon d’Europe, car on le faisait venir parfois à Vienne et à Londres pour couronner par des tours de valse des bals princiers, bien qu’à peu près sans fortune, demeurait par sa situation, par sa famille, par son