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— Tiens, un article désagréable pour Olivier ; mais je ne l’ai pas lu. À quelle page ?

Le marquis le renseigna.

— À la première, en tête, avec ce titre : « Peinture moderne. »

Et le député cessa de s’étonner.

— Parfaitement. Je ne l’ai pas lu, parce qu’il s’agissait de peinture.

On sourit, tout le monde sachant qu’en dehors de la politique et de l’agriculture, M. de Guilleroy ne s’intéressait pas à grand’chose.

Puis la conversation s’envola sur d’autres sujets, jusqu’à ce qu’on entrât au salon pour prendre le café. La comtesse n’écoutait pas, répondait à peine, poursuivie par le souci de ce que pouvait faire Olivier. Où était-il ? Où avait-il dîné ? Où traînait-il en ce moment son inguérissable cœur ? Elle sentait maintenant un regret cuisant de l’avoir laissé partir, de ne l’avoir point gardé ; et elle le devinait rôdant par les rues, si triste, vagabond, solitaire, fuyant sous le chagrin.

Jusqu’à l’heure du départ de la duchesse et de son neveu, elle ne parla guère, fouettée par des craintes vagues et superstitieuses, puis elle se mit au lit, et y resta, les yeux ouverts dans l’ombre, pensant à lui !

Un temps très long s’était écoulé quand elle crut entendre sonner le timbre de l’appartement. Elle