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— Qui vous presse tant ?

— J’ai besoin de marcher.

— C’est cela, marchez beaucoup, marchez jusqu’à la nuit, tuez-vous de fatigue et puis couchez-vous !

Il s’était levé.

— Adieu, Any.

— Adieu, cher ami. J’irai vous voir demain matin. Voulez-vous que je fasse une grosse imprudence, comme autrefois, que je feigne de déjeuner ici, à midi, et que je déjeune avec vous à une heure un quart.

— Oui, je veux bien. Vous êtes bonne !

— C’est que je vous aime.

— Moi aussi, je vous aime.

— Oh ! ne parlez plus de cela.

— Adieu, Any.

— Adieu, cher ami. À demain.

— Adieu.

Il lui baisait les mains, coup sur coup, puis il lui baisa les tempes, puis le coin des lèvres. Il avait maintenant les yeux secs, l’air résolu. Au moment de sortir, il la saisit, l’enveloppa tout entière dans ses bras et, appuyant la bouche sur son front, il semblait boire, aspirer en elle tout l’amour qu’elle avait pour lui.

Et il s’en alla très vite, sans se retourner.

Quand elle fut seule, elle se laissa tomber sur un