Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/310

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mais je le trouve très bien, moi.

On frappait les trois coups pour le second acte, et le rideau se leva sur la Kermesse.

Le passage de Helsson fut superbe. Elle aussi semblait avoir plus de voix qu’autrefois et la manier avec une sûreté plus complète. Elle était vraiment devenue la grande, l’excellente, l’exquise cantatrice dont la renommée par le monde égalait celles de M. de Bismarck et de M. de Lesseps.

Quand Faust s’élança vers elle, quand il lui dit de sa voix ensorcelante la phrase si pleine de charme :

Ne permettrez-vous pas, ma belle demoiselle,
Qu’on vous offre le bras, pour faire le chemin.

Et lorsque la blonde et si jolie et si émouvante Marguerite lui répondit :

Non, monsieur, je ne suis demoiselle ni belle,
Et je n’ai pas besoin qu’on me donne la main.


la salle entière fut soulevée par un immense frisson de plaisir.

Les acclamations, quand le rideau tomba, furent formidables, et Annette applaudit si longtemps que Bertin eut envie de lui saisir les mains pour la faire cesser. Son cœur était tordu par un nouveau tourment. Il ne parla point, pendant l’entr’acte, car il poursuivait dans les coulisses, de sa pensée fixe de-