avec une irrésistible puissance, l’émut jusqu’au cœur. Faust disait à Satan :
Je veux la jeunesse.
Et le ténor apparut en pourpoint de soie, l’épée au côté, une toque à plumes sur la tête, élégant, jeune et beau de sa beauté maniérée de chanteur.
Un murmure s’éleva. Il était fort bien et plaisait aux femmes. Olivier, au contraire, eut un frisson de désappointement, car l’évocation poignante du poème dramatique de Gœthe disparaissait dans cette métamorphose. Il n’avait désormais devant les yeux qu’une féerie pleine de jolis morceaux chantés, et des auteurs de talent dont il n’écoutait plus que la voix. Cet homme en pourpoint, ce joli garçon à roulades, qui montrait ses cuisses et ses notes, lui déplaisait. Ce n’était point le vrai, l’irrésistible et sinistre chevalier Faust, celui qui allait séduire Marguerite.
Il se rassit, et la phrase qu’il venait d’entendre lui revint à la mémoire :
Je veux la jeunesse.
Il la murmurait entre ses dents, la chantait douloureusement au fond de son âme, et, les yeux toujours fixés sur la nuque blonde d’Annette qui