Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/289

Cette page a été validée par deux contributeurs.

serait, en outre, accompagné de l’illustre cantatrice suédoise Helsson, qu’on n’avait pas entendue non plus à Paris depuis cinq ans !

Tout à coup Olivier eut l’idée, qui sembla naître au fond de son cœur, de donner à Annette le plaisir de ce spectacle. Puis il songea que le deuil de la comtesse mettrait obstacle à ce projet, et il chercha des combinaisons pour le réaliser quand même. Une seule se présenta. Il fallait prendre une loge sur la scène où l’on était presque invisible, et, si la comtesse néanmoins n’y voulait pas venir, faire accompagner Annette par son père et par la duchesse. En ce cas, c’est à la duchesse qu’il faudrait offrir cette loge. Mais il devrait alors inviter le marquis !

Il hésita et réfléchit longtemps.

Certes, le mariage était décidé, même fixé sans aucun doute. Il devinait la hâte de son amie à terminer cela, il comprenait que, dans les limites les plus courtes, elle donnerait sa fille à Farandal. Il n’y pouvait rien. Il ne pouvait ni empêcher, ni modifier, ni retarder cette affreuse chose ! Puisqu’il fallait la subir, ne valait-il pas mieux essayer de dompter son âme, de cacher sa souffrance, de paraître content, de ne plus se laisser entraîner, comme tout à l’heure, par son emportement.

Oui, il inviterait le marquis, apaisant par là les