Puis laissant tomber sa tête sur les genoux de cet homme, elle sanglota.
Il ne voyait plus que sa nuque, un gros tas de cheveux blonds où se mêlaient beaucoup de cheveux blancs, et il fut traversé par une immense pitié, par une immense douleur.
Saisissant à pleins doigts cette lourde chevelure, il la redressa violemment, relevant vers lui deux yeux éperdus dont les larmes ruisselaient. Et puis sur ces yeux pleins d’eau, il jeta ses lèvres coup sur coup en répétant :
— Any ! Any ! ma chère, ma chère Any !
Alors, elle, essayant de sourire, et parlant avec cette voix hésitante des enfants que le chagrin suffoque :
— Oh ! mon ami, dites-moi seulement que vous m’aimez encore un peu, moi ?
Il se remit à l’embrasser.
— Oui, je vous aime, ma chère Any !
Elle se releva, se rassit auprès de lui, reprit ses mains, le regarda, et tendrement :
— Voilà si longtemps que nous nous aimons. Ça ne devrait pas finir ainsi.
Il demanda, en la serrant contre lui :
— Pourquoi cela finirait-il ?
— Parce que je suis vieille et qu’Annette ressemble trop à ce que j’étais quand vous m’avez connue ?