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travail, ne déjeunait jamais dehors et ne donnait d’ordinaire que ses soirées à ses amis, elle invita souvent le marquis à déjeuner. Il arrivait, répandant autour de lui l’animation d’une promenade à cheval, une sorte de souffle d’air matinal. Et il parlait avec gaieté de toutes les choses mondaines qui semblent flotter chaque jour sur le réveil automnal du Paris hippique et brillant dans les allées du bois. Annette s’amusait à l’écouter, prenait goût à ces préoccupations du jour qu’il lui apportait ainsi, toutes fraîches et comme vernies de chic. Une intimité juvénile s’établissait entre eux, une affectueuse camaraderie qu’un goût commun et passionné pour les chevaux resserrait naturellement. Quand il était parti, la comtesse et le comte faisaient adroitement son éloge, disaient de lui ce qu’il fallait dire pour que la jeune fille comprît qu’il dépendait uniquement d’elle de l’épouser s’il lui plaisait.

Elle l’avait compris très vite d’ailleurs, et, raisonnant avec candeur, jugeait tout simple de prendre pour mari ce beau garçon qui lui donnerait, entre autres satisfactions, celle qu’elle préférait à toutes de galoper chaque matin à côté de lui, sur un pur sang.

Ils se trouvèrent fiancés un jour, tout naturellement, après une poignée de main et un sourire, et on parla de ce mariage comme d’une chose de-