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raudes pour faire les feuilles, puis un tout petit brillant qui tremblerait au centre comme une goutte de rosée.

Alors Olivier, que la joie de donner grisait, dit à la comtesse :

— Voulez-vous me faire le plaisir de choisir deux bagues ?

— Moi ?

— Oui. Une pour vous, une pour Annette ! Laissez-moi vous faire ces petits cadeaux en souvenir des deux jours passés à Roncières.

Elle refusa. Il insista. Une longue discussion suivit, une lutte de paroles et d’arguments où il finit, non sans peine, par triompher.

On apporta les bagues, les unes, les plus rares, seules en des écrins spéciaux, les autres enrégimentées par genres en de grandes boîtes carrées, où elles alignaient sur le velours toutes les fantaisies de leurs chatons. Le peintre s’était assis entre les deux femmes et il se mit, comme elles, avec la même ardeur curieuse, à cueillir un à un les anneaux d’or dans les fentes minces qui les retenaient. Il les déposait ensuite devant lui, sur le drap du bureau où ils s’amassaient en deux groupes, celui qu’on rejetait à première vue et celui dans lequel on choisirait.

Le temps passait, insensible et doux, dans ce joli travail de sélection plus captivant que tous les