été sa mère, au point de tromper les yeux. Il n’y avait donc rien d’étonnant à ce que son cœur d’homme se laissât un peu surprendre, sans se laisser entraîner. Il avait adoré une femme ! Une autre femme naissait d’elle, presque pareille. Il ne pouvait vraiment se défendre de reporter sur la seconde un léger reste affectueux de l’attachement passionné qu’il avait eu pour la première. Il n’y avait là rien de mal ; il n’y avait là aucun danger. Son regard et son souvenir se laissaient seuls illusionner par cette apparence de résurrection ; mais son instinct ne s’égarait pas, car il n’avait jamais éprouvé pour la jeune fille le moindre trouble de désir.
Cependant la comtesse lui reprochait d’être jaloux du marquis. Était-ce vrai ? Il fit de nouveau un examen de conscience sévère et constata qu’en réalité il en était un peu jaloux. Quoi d’étonnant à cela, après tout ? N’est-on pas jaloux à chaque instant d’hommes qui font la cour à n’importe quelle femme ? N’éprouve-t-on pas dans la rue, au restaurant, au théâtre, une petite inimitié contre le monsieur qui passe ou qui entre avec une belle fille au bras ? Tout possesseur de femme est un rival. C’est un mâle satisfait, un vainqueur que les autres mâles envient. Et puis, sans entrer dans ces considérations de physiologie, s’il était normal qu’il eût pour Annette une sympathie un