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Il sortit bientôt pour se rendre chez elle, impatient de s’expliquer. Tout le long de la route il prépara, avec une croissante irritation, les raisonnements et les phrases qui devaient le justifier et le venger d’un pareil soupçon.

Il la trouva sur sa chaise longue, avec un visage altéré de souffrance.

— Eh bien, lui dit-il d’un ton sec, expliquez-moi donc, ma chère amie, la scène étrange de tout à l’heure.

Elle répondit, d’une voix brisée :

— Quoi, vous n’avez pas encore compris ?

— Non, je l’avoue.

— Voyons, Olivier, cherchez bien dans votre cœur.

— Dans mon cœur ?

— Oui, au fond de votre cœur.

— Je ne comprends pas ! Expliquez-vous mieux.

— Cherchez bien au fond de votre cœur s’il ne s’y trouve rien de dangereux pour vous et pour moi.

— Je vous répète que je ne comprends pas. Je devine qu’il y a quelque chose dans votre imagination, mais, dans ma conscience, je ne vois rien.

— Je ne vous parle pas de votre conscience, je vous parle de votre cœur.

— Je ne sais pas deviner les énigmes. Je vous prie d’être plus claire.