Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/226

Cette page a été validée par deux contributeurs.

soupira d’aise en goûtant l’air frais de la vaste nef, prit une chaise, et s’assit.

Elle était religieuse comme le sont beaucoup de Parisiennes. Elle croyait à Dieu sans aucun doute, ne pouvant admettre l’existence de l’Univers, sans l’existence d’un créateur. Mais associant, comme fait tout le monde, les attributs de la Divinité avec la nature de la matière créée à portée de son œil, elle personnifiait à peu près son Éternel selon ce qu’elle savait de son œuvre, sans avoir pour cela d’idées bien nettes sur ce que pouvait être, en réalité, ce mystérieux Fabricant.

Elle y croyait fermement, l’adorait théoriquement, et le redoutait très vaguement, car elle ignorait en toute conscience ses intentions et ses volontés, n’ayant qu’une confiance très limitée dans les prêtres qu’elle considérait tous comme des fils de paysans réfractaires au service des armes. Son père, bourgeois parisien, ne lui ayant imposé aucun principe de dévotion, elle avait pratiqué avec nonchalance jusqu’à son mariage. Alors, sa situation nouvelle réglant plus strictement ses obligations apparentes envers l’Église, elle s’était conformée avec ponctualité à cette légère servitude.

Elle était dame patronnesse de crèches nombreuses et très en vue, ne manquait jamais la messe d’une heure, le dimanche, faisait l’aumône