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pas tout pour elle, tout, tout, plus que la vie, tout ce que devient un être quand on l’aime uniquement et qu’on se sent vieillir !

Soudain elle entendit au loin le claquement d’un fouet, courut à la fenêtre et vit le phaéton qui faisait le tour de la pelouse au grand trot des deux chevaux. Assis à côté d’Annette, dans le fond de la voiture, Olivier agita son mouchoir en apercevant la comtesse, et elle répondit à ce signe par des bonjours jetés des deux mains. Puis elle descendit, le cœur battant, mais heureuse à présent, toute vibrante de la joie de le sentir si près, de lui parler et de le voir.

Ils se rencontrèrent dans l’antichambre, devant la porte du salon.

Il ouvrit les bras vers elle avec un irrésistible élan, et d’une voix que chauffait une émotion vraie :

— Ah ! ma pauvre comtesse, permettez que je vous embrasse !

Elle ferma les yeux, se pencha, se pressa contre lui en tendant ses joues, et pendant qu’il appuyait ses lèvres, elle murmura dans son oreille : « Je t’aime. »

Puis Olivier, sans lâcher ses mains qu’il serrait, la regarda, disant :

— Voyons cette triste figure ?

Elle se sentait défaillir. Il reprit :