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qu’Olivier approuvait gravement par de fréquents mouvements de tête.

Heureux d’entendre parler d’elle, mais jaloux de ce bonheur intime que Guilleroy célébrait par devoir, le peintre finit par murmurer, avec une conviction sincère :

— Oui, vous avez eu de la chance, vous !

Le député, flatté, en convint ; puis il reprit :

— Je voudrais bien la voir revenir ; vraiment, elle me donne du souci en ce moment ! Tenez, puisque vous vous ennuyez à Paris, vous devriez aller à Roncières et la ramener. Elle vous écoutera, vous, car vous êtes son meilleur ami ; tandis qu’un mari…, vous savez…

Olivier, ravi, reprit :

— Mais, je ne demande pas mieux, moi. Cependant…, croyez-vous que cela ne la contrariera pas de me voir arriver ainsi ?

— Non, pas du tout ; allez donc, mon cher.

— J’y consens alors. Je partirai demain par le train d’une heure. Faut-il lui envoyer une dépêche ?

— Non, je m’en charge. Je vais la prévenir, afin que vous trouviez une voiture à la gare.

Comme ils avaient fini de dîner, ils remontèrent aux boulevards ; mais au bout d’une demi-heure à peine, le comte soudain quitta le peintre, sous le prétexte d’une affaire urgente qu’il avait tout à fait oubliée.