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dans le monde, aimant mieux le savoir au milieu des femmes que dans la tristesse de sa maison.

Elle reprit, répondant à sa secrète pensée :

— Ah ! si je pouvais vous garder toujours, comme je vous gâterais ! Promettez-moi de venir très souvent, puisque je ne sortirai plus guère.

— Je vous le promets.

Une voix murmura, près de son oreille :

— Maman.

La comtesse tressaillit, se retourna. Annette, la duchesse et le marquis venaient de les rejoindre.

— Il est quatre heures, dit la duchesse, je suis très fatiguée et j’ai envie de m’en aller.

La comtesse reprit :

— Je m’en vais aussi, je n’en puis plus.

Ils gagnèrent l’escalier intérieur qui part des galeries où s’alignent les dessins et les aquarelles et domine l’immense jardin vitré où sont exposées les œuvres de sculpture.

De la plate-forme de cet escalier, on apercevait d’un bout à l’autre la serre géante pleine de statues dressées dans les chemins, autour des massifs d’arbustes verts et au-dessus de la foule qui couvrait le sol des allées de son flot remuant et noir. Les marbres jaillissaient de cette nappe sombre de chapeaux et d’épaules, en la trouant en mille endroits, et semblaient lumineux, tant ils étaient blancs.

Comme Bertin saluait les femmes à la porte de