Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pour effacer tout à fait la nuance de regret qu’elle avait provoquée elle se pencha et, lui soulevant la tête entre ses deux mains, mit sur son front des baisers lents et tendres, ces longs baisers qui semblent ne pas devoir finir.

Puis ils se regardèrent, cherchant à voir au fond de leurs yeux le reflet de leur affection.

— Je voudrais bien, dit-il, passer une journée entière près de vous.

Il se sentait tourmenté obscurément par d’inexprimables besoins d’intimité.

Il avait cru, tout à l’heure, que le départ des gens qui étaient là suffirait à réaliser ce désir éveillé depuis le matin, et maintenant qu’il demeurait seul avec sa maîtresse, qu’il avait sur le front la tiédeur de ses mains, et contre la joue, à travers sa robe, la tiédeur de son corps, il retrouvait en lui le même trouble, la même envie d’amour inconnue et fuyante.

Et il s’imaginait à présent que, hors de cette maison, dans les bois peut-être où ils seraient tout à fait seuls, sans personne autour d’eux, cette inquiétude de son cœur serait satisfaite et calmée.

Elle répondit :

— Que vous êtes enfant ! Mais nous nous voyons presque chaque jour.

Il la supplia de trouver le moyen de venir déjeuner avec lui, quelque part aux environs de