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d’elle maintenant, il maniait entre ses doigts l’étoffe de sa robe en lui disant quel souffle chaud lui passait dans le cœur, ce jour-là.

Elle écoutait, surprise, ravie, et doucement elle posa une main dans ses cheveux blancs qu’elle caressait doucement, comme pour le remercier.

— Je voudrais tant vivre près de vous ! dit-il.

Il songeait toujours à ce mari couché, endormi sans doute dans une chambre voisine, et il reprit :

— Il n’y a vraiment que le mariage pour unir deux existences.

Elle murmura :

— Mon pauvre ami ! — pleine de pitié pour lui, et aussi pour elle.

Il avait posé sa joue sur les genoux de la comtesse, et la regardait avec tendresse, avec une tendresse un peu mélancolique, un peu douloureuse, moins ardente que tout à l’heure, quand il était séparé d’elle par sa fille, son mari et Musadieu.

Elle dit, avec un sourire, en promenant toujours ses doigts légers sur la tête d’Olivier :

— Dieu, que vous êtes blanc ! Vos derniers cheveux noirs ont disparus.

— Hélas ! je le sais, ça va vite.

Elle eut peur de l’avoir attristé.

— Oh ! vous étiez gris très jeune, d’ailleurs. Je vous ai toujours connu poivre et sel.

— Oui, c’est vrai.