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l’œil distrait par la vie bariolée et remuante du jardin.

— Oh l’amour ! cria-t-elle.

Elle contemplait un petit garçon à boucles blondes qui la regardait de ses yeux bleus, d’un air étonné et ravi.

Puis, elle passa une revue de tous les enfants ; et le plaisir qu’elle avait à voir ces vivantes poupées enrubannées la rendait bavarde et communicative.

Elle marchait à petits pas, disait à Bertin ses remarques, ses réflexions sur les petits, sur les nourrices, sur les mères. Les enfants gros lui arrachaient des exclamations de joie, et les enfants pâles l’apitoyaient.

Il l’écoutait, amusé par elle plus que par les mioches, et sans oublier la peinture, murmurait : « C’est délicieux ! » en songeant qu’il devrait faire un exquis tableau, avec un coin du parc et un bouquet de nourrices, de mères et d’enfants. Comment n’y avait-il pas songé ?

— Tu aimes ces galopins-là ? dit-il.

— Je les adore.

À la voir les regarder, il sentait qu’elle avait envie de les prendre, de les embrasser, de les manier, une envie matérielle et tendre de mère future ; et il s’étonnait de cet instinct secret, caché en cette chair de femme.