Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.

amis en des postures naïves d’attention changée en sommeil.

Quand il les eut réveillés :

— Eh bien ! que faisons-nous maintenant ? dit-il.

— Moi, répondit avec franchise Rocdiane, j’ai envie de dormir ici encore un peu.

— Et moi aussi, reprit Landa

Bertin se leva :

— Eh bien, moi, je rentre, je suis un peu las.

Il se sentait, au contraire, fort animé, mais il désirait s’en aller, par crainte des fins de soirée qu’il connaissait si bien autour de la table de baccara du Cercle.

Il rentra donc, et, le lendemain, après une nuit de nerfs, une de ces nuits qui mettent les artistes dans cet état d’activité cérébrale baptisée inspiration, il se décida à ne pas sortir et à travailler jusqu’au soir.

Ce fut une journée excellente, une de ces journées de production facile, l’idée semble descendre dans les mains et se fixer d’elle-même sur la toile.

Les portes closes, séparé du monde, dans la tranquillité de l’hôtel fermé pour tous, dans la paix amie de l’atelier, l’œil clair, l’esprit lucide, surexcité, alerte, il goûta ce bonheur donné aux seuls artistes d’enfanter leur œuvre dans l’allégresse. Rien n’existait plus pour lui, pendant ces