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— Seigneur, mon Dieu ! envoyez-leur la force, jetez sur elles votre miséricorde.

Et Marguerite se mit à parler. Les mots lui sortaient de la gorge un à un, rauques, scandés, comme exténués.



— Pardon, pardon, grande sœur, pardonne-moi ! Oh ! si tu savais comme j’ai eu peur de ce moment-là, toute ma vie !…

Suzanne balbutia, dans ses larmes :

— Quoi te pardonner, petite ? Tu m’as tout donné, tout sacrifié ; tu es un ange…

Mais Marguerite l’interrompit :

— Tais-toi, tais-toi ! Laisse-moi dire… ne m’arrête pas… C’est affreux… laisse-moi dire tout… jusqu’au bout, sans bouger… Écoute… Tu te rappelles… tu te rappelles… Henry…

Suzanne tressaillit et regarda sa sœur. La cadette reprit :

— Il faut que tu entendes tout pour com-