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cette étrange caravane qui fit bientôt son entrée triomphale. Tombouctou et neuf de ses compagnons portaient sur une sorte d’autel, fait avec des chaises de campagne, huit têtes coupées, sanglantes et grimaçantes. Le dixième turco traînait un cheval à la queue duquel un autre était attaché, et six autres bêtes suivaient encore, retenues de la même façon.

Voici ce que j’appris. Étant partis aux vignes, mes Africains avaient aperçu tout à coup un détachement prussien s’approchant d’un village. Au lieu de fuir, ils s’étaient cachés ; puis, lorsque les officiers eurent mis pied à terre devant une auberge pour se rafraîchir, les onze gaillards s’élancèrent, mirent en fuite les uhlans qui se crurent attaqués, tuèrent les deux sentinelles, plus le colonel et les cinq officiers de son escorte.

Ce jour-là, j’embrassai Tombouctou. Mais je m’aperçus qu’il marchait avec peine. Je le crus blessé ; il se mit à rire et me dit :

— Moi, povisions pou pays.

C’est que Tombouctou ne faisait point la